Evolution du marché
Ces deux dernières années furent plutôt fructueuses grâce notamment à l’éclosion de nombreux projets d’envergure qui ont dynamisés le secteur de la Construction.
La pénurie de logements en Ile-de-France est toujours aussi critique et le nombre de projets de construction reste encore insuffisant. La rénovation de logements, tant en milieu vide qu’en milieu occupé, est un domaine porteur qui permet à l’ensemble des acteurs du marché de se positionner.
Même si les marchés sont nombreux, les Maîtres d’ouvrages privés et publics se montrent néanmoins plus prudents, voire frileux. Cette attitude peut avoir pour conséquences un allongement des délais d’attribution de marchés et une concurrence accrue, avec des marges revues à la baisse. Pour y faire face, les entreprises générales renforcent leurs équipes commerciales et d’études de prix, voire leurs services achats.
Le secteur des Travaux Publics a été marqué par un ralentissement mais a pu néanmoins s’appuyer sur les projets de tramway, lesquels arrivent toutefois bientôt à terme.
Enfin, après avoir bénéficié d’une certaine reprise l’an dernier, le secteur de la Maîtrise d’Oeuvre tend à présent à se stabiliser.
Les changements sur les pratiques de recrutement
La pénurie de candidats reste la problématique majeure à laquelle nos clients sont confrontés. Pour pallier ce manque, nous avons observé une plus grande flexibilité dans leurs critères de sélection. Ainsi, on peut remarquer une ouverture de postes aux jeunes diplômés ou Conducteurs de travaux débutants, là où il était auparavant demandé un minimum de 3 années d’expérience.
Il n’est plus rare pour les entreprises générales de s’ouvrir à des profils ayant effectué une partie de leur carrière à l’international ou au sein d’autres secteurs – tels que la Maîtrise d’Oeuvre, le second œuvre, voire la Maitrise d’Ouvrage.
Malgré tout, compte tenu des enjeux majeurs que représente le recrutement d’un nouveau collaborateur et les conséquences qui pourrait découler d’un recrutement non-adapté, les process s’allongent et les tests se multiplient. Il n’est plus question ici uniquement de tests de personnalité, mais également de tests techniques, particulièrement prisés dans les domaines des bureaux de contrôle ou de la maîtrise d’œuvre.
Enfin, nos clients sont beaucoup plus attentifs à la personnalité des candidats. Il leur paraît important que les valeurs de ces derniers soient en adéquation avec la culture de l’entreprise, et ce malgré leurs besoins urgents, récurrents et pénuriques. Au-delà des compétences techniques pures, l’impasse ne sera pas faite sur ces critères essentiels.
Evolution des politiques de rémunération
Après une période euphorique, qui a généré une augmentation conséquente des salaires, nous sommes revenus aujourd’hui à plus de mesure. Même si nous assistons à une vraie stagnation des rémunérations, les petites structures échappent encore aux grilles de rémunération pratiquées chez un très grand nombre d’acteurs du BTP.
Pour faire face à cette nouvelle donne, les entreprises se doivent d’innover afin d’attirer de nouveaux collaborateurs et de fidéliser les équipes déjà constituées. Ils mettent ainsi en place diverses actions comme l’établissement du Plan d’Epargne Entreprise (PEE) ou du Plan d’Epargne Retrait Collectif (PERCO), la baisse des critères d’obtention d’un véhicule de fonction, l’augmentation des paniers repas ou encore la rénovation ou construction de nouveaux sièges sociaux.
Le secteur du Second Oeuvre peut encore proposer des salaires à la hausse sur des profils techniques très rares dans les domaines de la façade, du bardage ou de l’étanchéité. Néanmoins, et afin d’éviter de retomber dans les erreurs passées, il est de plus en plus en fréquent pour nos clients de proposer aux candidats une rémunération identique à celle qu’ils touchaient précédemment, avant de procéder à une revalorisation à l’issue de la validation de la période d’essai. Les domaines du ravalement et de la menuiserie sont plus facilement enclins à proposer une hausse de rémunération à ces nouveaux entrants, à la condition que leurs tâches soient élargies, même si le titre du poste ne change pas. Ainsi, un Métreur ou un Technicien Etudes de Prix aura un revenu supérieur s’il est également amené à exercer des fonctions commerciales.
La Maîtrise d’Oeuvre reste attachée aux diplômes des candidats pour justifier d’un niveau de rémunération et d’un titre. Ainsi, un collaborateur dans le domaine des structures ne pourra jamais avoir le titre d’Ingénieur structures s’il n’est pas diplômé d’une école d’Ingénieurs. Sur certaines fonctions telles que les Chefs de projets, la notoriété des entités au sein desquelles le candidat aura évolué sera déterminante.
Les profils ayant mis à profit les années prospères pour créer des gaps salariaux en paient aujourd’hui le prix, étant donné leur manque de stabilité qui incite nos clients à la prudence. Ils ont atteint un niveau de rémunération bien supérieur à ce qui se pratique sur le marché et en complet décalage avec leur réel niveau de compétences. Aujourd’hui, il semble plus que jamais essentiel d’avoir une gestion de sa carrière stable, cohérente et en adéquation avec son projet professionnel.
Profils les plus recherchés
Le constat de l’année dernière reste d’actualité : les profils travaux sont les plus recherchés, de même que ceux intervenant en amont de la production, notamment en études de prix. Les profils en encadrement de chantier ou en études de prix disposant de 5 à 15 ans d’expérience, autonomes, pouvant former les plus jeunes, et exerçant une fonction opérationnelle à un niveau de rémunération encore abordable, sont extrêmement prisés par nos clients.
En Maîtrise d’Oeuvre, ce sont les Spécialistes en structures ou en économie de la construction qui sont ciblés et doivent justifier au préalable d’une expérience réussie de 3 à 7 années. Les Bureaux de contrôle restent axés sur des profils expérimentés issus de la concurrence.
Les profils de Technico-commerciaux dans le Second Oeuvre sont de plus en plus demandés et vont permettre à certaines entités de faire face à une légère baisse d’activité dans certains secteurs. Les Métreurs, les profils en Etudes de Prix et les Conducteurs de travaux intervenant en réhabilitation et en rénovation, plutôt qu’en construction neuve, sont les plus convoités. Enfin, les Conducteurs de travaux maîtrisant le ravalement, l’Isolation Thermique par l’Extérieur (ITE) et le bardage sont particulièrement appréciés.
Quelle vision pour l’avenir?
Les critères de sélection se sont durcis depuis la rentrée (septembre 2012) avec un marché semblant en phase de transition. Les profils autonomes disposant d’un minimum de 3 années d’expérience sont majoritairement recherchés.
Le volume de recrutement en entreprise générale reste important et devrait se maintenir à un niveau correct tout au long de l’année à venir. Les carnets de commande pour 2013 sont remplis et se révèlent encourageants pour la plupart des acteurs – et tout particulièrement pour les majors du secteur.
Les projets en conception construction sont de plus en plus nombreux et concernent désormais les opérations de moyenne et petite envergure. Cela représente un gain de temps et de technicité pour le Maître d’ouvrage, une meilleure maîtrise de l’opération et la garantie d’obtenir un projet pour le groupement retenu (Architecte et entreprise générale). Ce type de fonctionnement étant amené à se développer, les entreprises doivent donc se structurer pour pouvoir y répondre.
La Maîtrise d’Œuvre connaît un volume de recrutements intéressant qui tend à se prolonger. Elle doit toutefois faire face à une réactivité de nos clients quelque peu freinée par un manque de visibilité sur les mois à venir. Les besoins existent mais ne constituent pas toujours une priorité, notamment pour les Bureaux d’études de taille moyenne qui ont les moyens de gérer l’urgence en interne.
Du côté du Second Oeuvre, 2013 s’annonce sous les mêmes auspices que l’année précédente. Les grands Groupes recrutent toujours de manière constante tandis que les PME embauchent pour faire face à une augmentation de leur activité ou compenser des départs. L’instabilité économique et le manque de visibilité des carnets de commandes incitent nos clients à opter de manière plus fréquente pour des postes en CDD ou à recourir à la sous-traitance.